Réunis en marge de la 12ᵉ session de la Conférence des Gouverneurs, les dirigeants des provinces du Bas-Uélé, du Haut-Uélé, de l'Ituri et de la Tshopo ont lancé un appel solennel au gouvernement central. C’est à huis clos, sur instruction du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, que leur message commun a été lu par le gouverneur de la Tshopo, Paulin Lendongolia Lebabonga, devant la Première ministre, S.E. Mme Judith Suminwa Tuluka. Une voix unie pour dresser l’état des lieux d’une région riche en ressources, mais en proie à de multiples vulnérabilités.
Malgré les immenses potentialités minières, énergétiques, hydrographiques et agricoles de l’espace Grand Oriental, les gouverneurs dénoncent les nombreux blocages freinant le développement de ce vaste territoire. Parmi les principaux obstacles évoqués : l’insécurité persistante, notamment liée à la présence des éleveurs Mbororo, le banditisme urbain, la porosité des frontières, le déficit criant en infrastructures de base et la malnutrition chronique.
À ces défis transversaux s’ajoutent des réalités spécifiques à chaque province. Le Bas-Uélé doit gérer l’afflux massif de réfugiés centrafricains dans un contexte d’enclavement sévère ; le Haut-Uélé déplore la destruction d’ouvrages stratégiques et une prévalence préoccupante du VIH/SIDA ; l’Ituri, toujours sous état de siège, fait face à une résurgence des conflits armés ; et la Tshopo, quant à elle, attend le financement de projets structurants comme la cimenterie de Maïko et la centrale hydroélectrique.
Les gouverneurs reconnaissent néanmoins certaines avancées, notamment la poursuite du Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T), les efforts de modernisation des voiries urbaines et la construction de quelques infrastructures essentielles. Toutefois, ils regrettent que ces initiatives soient freinées par des lenteurs administratives, un taux d’exécution insuffisant des projets, un manque de financement récurrent et une faible implication des autorités compétentes dans les dynamiques locales.
Face à ces constats, ils proposent un train de mesures concrètes, telles que la simplification des procédures administratives, une gestion plus rigoureuse des financements, la stabilisation sécuritaire de la région et l’adaptation des projets aux réalités locales. S’inscrivant dans une logique de collaboration renforcée, ils ont mis en place un Cadre permanent de concertation et de coopération interprovinciale, dont la première réunion s’est tenue à Isiro à la fin du mois de mai 2025.
Par cette démarche collective, les dirigeants de l’espace Grand Oriental réaffirment leur volonté de travailler en synergie avec les autorités nationales, dans le respect de la vision du chef de l’État. Ils appellent à une mobilisation plus soutenue du gouvernement pour impulser un développement inclusif et durable, seul gage de stabilité pour cette région stratégique de la République démocratique du Congo.
Zickry LUBENGA