À Kisangani, la ville meurtrie par l’histoire, les rideaux sont tombés ce 10 juin 2025 sur les activités commémoratives du 25ᵉ anniversaire de la guerre de six jours. Pendant cinq jours, le Fonds Spécial de Réparation, de l'indemnisation des Victimes des Activités Illicites de l’Ouganda en RDC (FRIVAO) et l’Association des Victimes de la Guerre de Six Jours ont mobilisé la ville autour du souvenir, de la justice et de la dignité retrouvée. Une conférence dense a marqué la clôture, sous le sceau de la mémoire collective, thème principal choisi pour cette édition.
Premier à prendre la parole, le professeur Jean de Didier Malonda Tshilumbayi a dressé un tableau sombre mais lucide du déroulement de cette guerre tragique. Il a souligné la nécessité de transmettre aux générations futures la mémoire des événements, afin que jamais ne se perde le récit des douleurs endurées.
Pour lui, « la mémoire collective repose sur la vérité, et la vérité exige justice pour les victimes ». Une mémoire fondée sur les faits, et non sur l’oubli ou la réécriture opportuniste de l’histoire.
Intervenant ensuite, Sylvain Masudi du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme a plaidé pour l’autonomisation des victimes, au-delà du simple devoir de mémoire. Il a mis en avant la nécessité de réparations globales, incluant des projets générateurs de revenus pour aider à la reconstruction des vies brisées. Son message était clair : réparer, c’est aussi redonner les moyens de se relever.
Le docteur Clément Kalibundi, secrétaire rapporteur assurant l’intérim de la coordination du FRIVAO, a pour sa part détaillé le rôle de son institution et remercié tous les partenaires ayant contribué à la réussite de cette cérémonie.
Il a rappelé que la guerre a laissé derrière elle d’innombrables victimes qui attendent toujours une réparation proportionnelle aux préjudices subis. Enfin, il a annoncé la prochaine inauguration d’un mausolée en construction, symbole durable de la mémoire des disparus.
Ce 25ᵉ anniversaire ne marque donc pas une fin, mais une continuité : celle d’un combat pour la vérité, la mémoire et la justice. À Kisangani, les voix des victimes ne s’éteindront pas tant que la reconnaissance pleine de leurs souffrances ne sera pas actée.
Bijoux Gumete
