Kasaï Central : tensions politiques, accusations infondées et instrumentalisation injuste du Bureau Central de Coordination BCECO

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Depuis plusieurs mois, un climat de tension persistante règne au Kasaï Central, alimenté par des conflits d’intérêts mêlant ambition personnelle, rivalités partisanes et règlements de comptes. Dans cette atmosphère électrique, le Bureau Central de Coordination (BCECO) est injustement pris pour cible par certains élus locaux, accusé d’irrégularités dans l’exécution des projets de développement, alors même que son rôle demeure strictement technique.

Après la déchéance du bureau de l’Assemblée provinciale par les députés du Kasaï Central, les tensions politiques se sont exacerbées, au point de s’étendre à des institutions techniques comme le BCECO. Pour les partisans du bureau déchu, cette destitution serait liée à un prétendu refus de contrôle parlementaire exercé sur le BCECO et sur les entreprises chargées des travaux publics. 

Pourtant, aucune initiative formelle de contrôle parlementaire dirigée contre le BCECO n’a été enregistrée de la part des membres du bureau déchu. Certaines accusations relayées dans l’opinion — notamment autour de détournements de fonds et de surfacturations — semblent davantage relever de spéculations politiques que de faits vérifiés.

Il est regrettable de constater que certains responsables politiques confondent le BCECO avec une banque ou une entreprise d’exécution directe. Cette confusion alimente une série de malentendus qui jettent l’opprobre sur un organe technique pourtant neutre. 

Créé par le Décret n°039/2001, le BCECO est un service public sous tutelle du Ministère des Finances. Sa mission est de coordonner et gérer les projets de développement financés par l’État et ses partenaires, sans aucun rôle politique ni pouvoir de décision sur la planification provinciale. Cette dernière responsabilité revient exclusivement aux autorités provinciales, conformément aux articles 201 et 203 de la Constitution.

Le BCECO intervient uniquement comme maître d’ouvrage délégué (MOD), en vertu du décret fondateur et de la loi n°10/010 du 27 avril 2010 sur les marchés publics. Son travail consiste à assurer la passation des marchés, le suivi technique et la gestion fiduciaire, en respectant les normes des bailleurs de fonds internationaux comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou encore l’Union européenne. 

Cette rigueur technique est généralement respectée dans les autres provinces où le Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T) est mis en œuvre. Seul le Kasaï Central se distingue par une agitation politique constante autour de ces projets, souvent sans compréhension réelle des mécanismes de décaissement ou de contractualisation.

Dans sa réponse à une question écrite du député national Marcel Tshipepele, le Ministre des Finances, Doudou Fwamba, a été formel : aucun montant de 300 millions USD n’a été décaissé pour des projets dans cette province. Les accusations de détournement visant le BCECO, en lien avec certaines entreprises telles que Safrimex, sont infondées et non documentées. 

Quant à la question de surfacturation, elle ne peut être tranchée qu’à la lumière d’un audit technique rigoureux, d’une comparaison des prix de marché et d’une analyse contractuelle menée par les organes compétents comme l’Inspection Générale des Finances, la Cour des Comptes ou encore l’Autorité de Régulation des Marchés Publics.

En réalité, l’attaque contre le BCECO apparaît comme une stratégie d’instrumentalisation politique. Faute d’avoir honoré les promesses faites à la population pendant la campagne, certains responsables cherchent des boucs émissaires pour justifier leur inaction. Le BCECO devient alors un prétexte commode, utilisé pour alimenter l’opinion publique sans jamais proposer de solutions viables. 

Cette dérive est dangereuse pour la démocratie locale, car elle détourne l’attention des vraies responsabilités. Le BCECO n’est ni un acteur politique, ni une institution de développement provincial. Il est un instrument technique, soumis à des obligations de résultats, d’intégrité et de transparence. Le développement du Kasaï Central demeure avant tout une responsabilité des autorités provinciales, qui gagneraient à assumer leur mission avec sérieux, plutôt que d’alimenter des campagnes de désinformation préjudiciables à l’intérêt général.

Stéphane Joël Kande
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