La récente décision du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), autorisant les filles enceintes à continuer leurs études sans interruption, continue de susciter de vives réactions à travers le pays. À Mambasa, dans la province de l’Ituri, cette mesure est jugée inacceptable par plusieurs acteurs éducatifs et communautaires, qui y voient une menace pour la jeunesse et les valeurs éducatives.
Parmi les voix les plus critiques figure celle de Mumbere Joël, président de l’Association nationale des parents d’élèves et étudiants du Congo (ANAPECO), qui a exprimé son indignation dans un message transmis à la presse locale ce jeudi.
« Nous avons reçu cette information mais cela ne nous a pas plu du tout. Le gouvernement ne peut pas encourager le désordre chez nos enfants. Une fille élève sait qu’elle ne doit pas tomber enceinte. En autorisant cela, on pousse les jeunes filles à faire des bêtises », a-t-il déclaré avec fermeté.
Pour Mumbere Joël, cette décision pourrait éventuellement être tolérable pour des femmes mariées souhaitant reprendre leurs études, mais elle est inadmissible s’agissant des élèves mineures encore en pleine adolescence, qu’il considère comme immatures et influençables.
« Dans un territoire comme Mambasa, déjà confronté à beaucoup de problèmes sociaux, autoriser cela revient à détruire l’avenir de notre jeunesse. C’est pourquoi je demande à tous nos élèves de ne pas écouter ou croire à ce qui circule sur les réseaux sociaux », a-t-il insisté.
Le président de l’ANAPECO appelle ainsi le gouvernement à reconsidérer cette directive, qu’il juge en contradiction avec l’éthique éducative et la responsabilité parentale. Cette position est partagée par plusieurs responsables religieux, en particulier l’Église catholique, qui a rejeté publiquement la décision.
Dans un communiqué diffusé mardi, certaines écoles conventionnées ont annoncé qu’elles ne permettront pas aux filles enceintes de poursuivre leur scolarité, affirmant ne pas pouvoir appliquer une mesure contraire à leurs convictions éducatives.
Le débat qui s’ouvre autour de cette question met en lumière la tension entre le droit à l’instruction et les exigences de la morale sociale dans un contexte culturel et institutionnel encore profondément marqué par des valeurs conservatrices.
Si la ministère de l’éducation nationale et nouvelle citoyenneté n’a pas encore officiellement réagi aux contestations, des sources proches du cabinet ministériel indiquent qu’un point de presse pourrait avoir lieu dans les prochains jours pour clarifier la position de l’État face à cette polémique grandissante.
Néhémie Paluku