Dans une atmosphère chargée d’émotion et de symboles, une cérémonie d’une grande portée humaine et sociale s’est tenue à l’Hôpital du Cinquantenaire de Kisangani, marquant la remise officielle des premières prothèses médicales aux victimes amputées des conflits armés dans la province de la Tshopo.
Cette initiative, fruit d’une collaboration entre le Fonds national de réparations des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des autres crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité (FONAREV), la Fondation HJ et le gouvernement provincial de la Tshopo, s’inscrit dans le cadre du programme de mesures provisoires urgentes en faveur des communautés affectées par les violences. Elle constitue une avancée notable dans la mise en œuvre du mandat du FONAREV, orienté vers la restauration de la dignité, la justice sociale et la reconstruction des vies brisées.
« Ce que nous vivons aujourd’hui, ce n’est pas qu’un geste médical. C’est une résurrection sociale. Une réintégration. Une victoire de l’humanité sur la barbarie », a déclaré Emmanuelle Zandi, directrice générale adjointe en charge des opérations au FONAREV.
Prenant la parole devant les bénéficiaires et les partenaires, elle a exprimé une profonde gratitude et une vive émotion face à ce qu’elle a qualifié de “journée historique et profondément humaine”.
Le programme a permis l’examen de 57 personnes, parmi lesquelles 32 ont été jugées éligibles et équipées de prothèses.
« À vous, braves bénéficiaires, je dis bravo. Vous êtes la preuve vivante que le courage et la patience peuvent triompher de toutes les douleurs », a-t-elle souligné.
À ceux qui n’ont pas encore reçu de prothèses en raison de contraintes techniques, notamment les cas d’amputations complexes, elle a tenu à rappeler l’engagement du FONAREV à poursuivre cette mission.
« Cette phase n’est qu’un début. Tous ceux qui ont été identifiés recevront une réponse. Nous reviendrons, avec nos partenaires, pour aller jusqu’au bout de notre promesse. Ce programme est là pour durer. Et si besoin, nous reviendrons même refaire le travail pour assurer satisfaction à tous. »
Gaëtan Malu, représentant de la Fondation HJ, a salué « un moment fort, à la fois d’émotion et d’engagement collectif », rappelant que chaque prothèse représente bien plus qu’un dispositif médical.
« Elle est un pas vers la liberté retrouvée, une main tendue vers la dignité humaine. Ce que nous offrons aujourd’hui, c’est une opportunité de renaissance. » Il a insisté sur le courage des victimes et le rôle irremplaçable de leur volonté dans le processus de réadaptation. Il a également exprimé sa reconnaissance au FONAREV pour cette synergie exemplaire au service des plus vulnérables.
Le gouverneur intérimaire de la province de la Tshopo, Senold Tandia, a quant à lui souligné que ces prothèses, au-delà de la mobilité, sont « un symbole d’espoir, d’intégration sociale et même de réinsertion professionnelle. » Il a remercié chaleureusement le FONAREV et la Fondation HJ pour cette action salvatrice, les encourageant à poursuivre cet engagement au profit d’autres victimes encore en attente.
Sofoclis Mambambu, au nom des bénéficiaires, a exprimé une vive reconnaissance au président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, pour son engagement en faveur des personnes vivant avec handicap.
« Ça fait un long moment que nous avions attendu ces prothèses et nous ne les avions jamais reçues auparavant. Beaucoup nous les avaient promises sans succès. Mais aujourd’hui, le FONAREV est venu nous les doter. Nous retrouvons aujourd’hui de la valeur et de l’espoir dans nos vies », a-t-il déclaré.
La cérémonie de remise s’inscrit dans un agenda plus large d’activités menées par le FONAREV dans la ville de Kisangani, du 5 au 7 juin 2025. Ces actions incluent notamment la réception officielle d’un système d’adduction d’eau potable au profit des communautés déplacées du camp de Lubunga, ainsi que le lancement des programmes EduPax, dédiés à l’éducation à la paix.
Ces efforts conjoints traduisent une volonté manifeste de ne laisser personne de côté, et d’accompagner les populations affectées vers une reconstruction réelle et durable, tant physique que psychologique.
Dido LIBOGA
