Dans le territoire d’Irumu, en Ituri, une rescapée du massacre ayant coûté la vie à 42 civils dans la nuit du 26 au 27 juillet 2024 a livré un témoignage bouleversant sur la stratégie de terreur employée par les rebelles ADF. Capturée à son domicile avant d’être emmenée de force par les assaillants, cette femme a été utilisée comme messagère afin de transmettre des menaces explicites aux autorités et à la population.
> « D’abord, ils m’ont demandé si j’avais un mari. Quand j’ai dit non, ils m’ont envoyée vers un autre groupe de combattants qui m’a reposé la même question. Ensuite, ils m’ont chargé d’un message à transmettre aux chefs du village », témoigne-t-elle, visiblement encore sous le choc.
Elle affirme avoir été conduite vers l’est du centre de Komanda, non loin de la concession catholique où le massacre s’est produit. Là, les rebelles lui ont dicté un message destiné aux autorités locales, exigeant notamment l’expulsion des troupes ougandaises déployées dans la zone.
> « Ils m’ont dit de dire aux chefs qu’ils doivent chasser les soldats ougandais présents ici. Et aussi que tous les cultivateurs autour de Komanda doivent désormais payer un jeton s’ils veulent continuer à exploiter leurs champs. Sinon, ils ont promis de poursuivre les massacres et de priver la population de paix. »
Plus grave encore, la rescapée révèle que les rebelles envisagent de contrôler champ par champ, afin d’imposer leur système de taxation sous la menace.
> « Ils m’ont prévenu que si je ne faisais pas passer leur message, ils reviendraient chez moi. »
Ce témoignage vient renforcer les craintes de plusieurs membres de la société civile, qui dénoncent une volonté claire des ADF d’étendre leur influence non seulement par la violence, mais aussi par une forme de contrôle économique sur les communautés rurales.
Dans ce contexte alarmant, les autorités provinciales et militaires sont appelées à renforcer la sécurité dans les localités périphériques de Komanda et à assurer la protection des témoins, souvent abandonnés à leur sort après de telles exactions.
Néhémie Paluku
