À l’Université Libre de Kisangani, la recherche académique s’est invitée au cœur de l’actualité nationale. Trésor Makaya, étudiant en fin de cycle de licence dans l’ancien système de l’enseignement supérieur et universitaire, a présenté un mémoire inédit consacré au traitement de l’information par l’Agence Congolaise de Presse (ACP) face à l’agression de la République Démocratique du Congo par le Rwanda.
Soutenu devant un jury composé de l’assistant doctorant Christian Uzilo, de l’assistant Achille Bofoya et du chef des travaux Alphonse Bosingaka, ce travail a plongé dans l’univers des dépêches de l’ACP afin de mesurer l’équilibre, la langue de diffusion, les choix éditoriaux et les éventuelles censures. L’auteur a formulé une hypothèse claire : le média public congolais, par sa nature et sa mission, reste fidèle à la ligne éditoriale fixée par l’État.
Les résultats parlent d’eux-mêmes. Sur 33 messages identifiés dans deux dépêches étudiées, près de 33 % mettent en avant les combats violents, 30 % concernent les objectifs militaires, tandis que d’autres évoquent les bilans, la recherche de paix ou la manipulation de l’opinion publique. Ces chiffres confirment que l’ACP se conforme à son rôle institutionnel, tout en laissant transparaître une certaine orientation dans la manière d’informer.
Mais au-delà de la confirmation de son hypothèse, Trésor Makaya ouvre des pistes. Il recommande le recrutement de correspondants sur le terrain, notamment dans les zones de guerre, la mise à disposition de moyens journalistiques adaptés et une indépendance accrue de la rédaction afin de rendre l’information plus rapide, transparente et objective. Des propositions qui, si elles étaient mises en œuvre, renforceraient l’efficacité de ce média public dans un contexte où l’information est une arme stratégique.
En réussissant cet exercice scientifique, l’étudiant ne s’est pas contenté de franchir une étape académique : il a aussi livré une réflexion utile au journalisme congolais, invitant les acteurs médiatiques et politiques à questionner la manière dont l’État congolais communique sur un conflit qui façonne son présent et son avenir.
La Rédaction