RDC : La Cour de cassation condamne l’ancien ministre de la Justice Constant Mutamba à trois ans de travaux forcés

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Kinshasa, 2 septembre 2025 – La Cour de cassation a tranché : Constant Mutamba, ancien ministre de la Justice et Garde des Sceaux, écope de trois ans de travaux forcés, assortis de cinq ans d’inéligibilité, d’interdiction du droit de vote et de l’accès aux fonctions publiques. Il est également sommé de restituer près de 19 millions de dollars, fonds détournés dans le cadre d’un projet de construction d’une prison à Kisangani.

Né en 1988 à Luputa, Mutamba s’était imposé comme l’un des visages de la jeunesse politique congolaise. Juriste de formation, diplômé de l’Université de Liège, il s’était illustré dès ses années universitaires par son activisme, avant de créer le mouvement NOGEC en 2014, devenu parti politique en 2018. 

Après un passage au FCC de Joseph Kabila, il fonde en 2021 DYPRO, un parti d’opposition progressiste. Nommé ministre de la Justice en juin 2024, il avait marqué les esprits par ses réformes inédites, notamment les « consultations populaires » hebdomadaires pour recueillir les plaintes des citoyens, et ses enquêtes sur la corruption au sein des greffes.

Mais son parcours s’assombrit lorsqu’en mai 2025, l’Assemblée nationale lève son immunité parlementaire, ouvrant la voie à son inculpation. Il est accusé d’avoir validé, en violation des règles, un paiement anticipé de près de 20 millions de dollars, destinés à une société privée, sans procédure légale. 

Le ministère public avait requis dix ans de travaux forcés et dix ans d’inéligibilité. À la barre, Mutamba s’est défendu en dénonçant un complot politique, clamant son innocence et comparant son combat à celui de Mandela ou Lumumba.

Si la peine prononcée est moins lourde que les réquisitions, elle n’en demeure pas moins un tournant brutal pour celui qui incarnait, il y a encore peu, une aspiration au renouveau politique. Sa condamnation interroge autant sur la lutte contre la corruption que sur l’instrumentalisation possible de la justice en RDC, laissant ouverte une profonde controverse au cœur de l’opinion.

Vicko Meschack
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