Depuis plus d’une année, la chefferie de Walendu Bindi, dans le territoire d’Irumu en Ituri, fait face à une grave crise administrative : le bureau de l’état civil ne dispose plus de registres officiels pour l’enregistrement des naissances. Une situation qui prive des centaines d’enfants de leur droit fondamental à une existence légale.
Selon Daniel Masumbuko, acteur social engagé dans la région, les agents de l’état civil tentent de combler ce vide en délivrant des procurations, une solution de fortune qui soulève l’indignation de nombreux parents.
« La chefferie de Walendu Bindi s’est trouvée dans un sérieux problème pour l'enregistrement des naissances des enfants depuis que ce service a reçu trois registres de naissance le 9 septembre 2023, lesquels se sont épuisés le 5 novembre 2024. À partir de décembre 2024 jusqu’à ce jour, ce service ne dispose plus de ces documents. Les parents, pourtant habitués à l’enregistrement, éprouvent aujourd’hui d’énormes difficultés à obtenir des actes de naissance pour leurs enfants. À la place, c’est une procuration que l’officier de l’état civil remet aux parents, un document qui n’a aucune valeur légale », a-t-il dénoncé.
Alertées sur cette carence prolongée, les autorités locales tentent de rassurer. Interrogé à ce sujet, le chef du service de l’état civil à Walendu Bindi, Jules Androzo Mukole, reconnaît l’absence de registres et appelle la population à faire preuve de patience.
« Le registre est terminé. Le préposé de l’état civil centralisé a transmis le rapport à la hiérarchie. Nous allons progresser pas à pas jusqu’à ce que nous ayons les registres. Ce n’est pas la confusion. Chaque fois qu’il y a manque de registre, nous enregistrons les enfants avec ce que nous appelons procuration. Et la procuration, c’est pour faire entendre la limite du registre », a-t-il expliqué.
Face à cette impasse, la pression monte sur la Division provinciale de l’Intérieur et de la Sécurité, à qui il est demandé d’intervenir de toute urgence. En attendant, à Walendu Bindi, chaque jour qui passe voit naître des enfants sans existence juridique, dans une région déjà fragilisée par les défis sécuritaires et sociaux.
Néhémie Paluku