Ces audiences s’inscrivent dans un contexte sécuritaire tendu, marqué par la forte présence militaire due aux opérations Sukola I contre les groupes armés dans le Grand Nord. Cette militarisation prolongée a entraîné une cohabitation inhabituelle entre civils et militaires, créant un climat propice à la recrudescence des violences sexuelles, en particulier à l’encontre de mineures.
Sollicitée officiellement par le Tribunal militaire de Butembo, la MONUSCO intervient pour rendre la justice plus accessible aux victimes, lutter contre l’impunité et rapprocher les institutions judiciaires des populations affectées.
L’objectif de ces audiences est également pédagogique : permettre la participation active des victimes aux procès, désengorger la prison urbaine de Butembo en réduisant la détention préventive prolongée, et dissuader les auteurs potentiels d’actes similaires. Ces procès s’inscrivent dans le cadre du plan stratégique de la MONUSCO, qui vise à réduire les violences, protéger les civils et renforcer l’État de droit à travers un appui technique et logistique continu : transport des détenus, organisation des audiences, suivi juridique.
La société civile, par la voix de la Ligue des femmes du Nord-Kivu, salue l’initiative tout en exprimant ses réserves.
« Nous voulons que les auteurs soient sévèrement punis selon la loi. Trop souvent, on croit qu’ils sont incarcérés, mais ils sont encore en liberté, ce qui met en danger les défenseurs des droits humains. », a déclaré la coordinatrice, Hélène Makule.
Elle appelle à un suivi rigoureux des condamnations, afin que la justice rende véritablement service aux victimes et rétablisse la confiance au sein des communautés.
Ce partenariat entre la justice militaire congolaise et la MONUSCO constitue un signal fort en faveur de l’accès à la justice pour les survivants de violences et témoigne d’un engagement concret en faveur de la protection des droits humains dans cette région marquée par les conflits.
Hilter Mulimani