En ce 2 août 2025, la République Démocratique du Congo a marqué un temps d’arrêt. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, jusque dans la diaspora, les Congolais se sont levés d’une seule voix pour honorer la mémoire des millions de victimes du Genocost, cette tragédie silencieuse et persistante, trop souvent effacée des récits officiels.
Depuis plus de vingt ans, des massacres, déplacements forcés, viols et tortures frappent les populations de l’Est, sur fond d’exploitation illégale de minerais stratégiques. Le terme « Genocost », né de la fusion entre genocide et cost, désigne ce génocide motivé par des intérêts économiques, où le profit l’emporte sur la vie humaine. Des localités comme Mwenga ou Kateketa restent les symboles les plus récents de cette violence impunie, qui continue même en période de commémoration.
Sous le thème « Justice, Mémoire, Dignité », la journée a mobilisé survivants, familles endeuillées, jeunes, militants et partenaires associatifs. De Kinshasa à Mbandaka, de Butembo à Kananga, jusque dans les rues de São Paulo, Dublin ou Washington, des veillées aux bougies, marches silencieuses et forums ont porté un message clair : le silence n’est plus une option.
Un mémorandum conjoint, signé par le CAYP et la LIDDFC et soutenu par plus de 60 organisations, formule des revendications fermes : reconnaissance officielle du Genocost par l’État, institutionnalisation du 2 août comme jour férié, réformes législatives sur les crimes contre l’humanité, création d’un tribunal pénal international, réparations, réconciliation nationale et intégration du Genocost dans l’enseignement et les lieux de mémoire.
Dans une déclaration finale, les organisateurs — parmi lesquels Filimbi, Lucha RDC, la Diaspora Congolaise Unie et Maât Institute — ont salué la mobilisation malgré les obstacles et les tentatives de récupération politique. « Chaque flamme allumée, chaque photo prise, chaque lettre envoyée est un rappel que la mémoire exige justice », ont-ils affirmé, soulignant que cette journée n’est pas une conclusion mais le point de départ d’un combat collectif pour la vérité et la dignité.
Vicko Meschack
